« C'est complètement ridicule. » Je soupirais en même temps que Senja alors que notre père était en train de nous passer un savon. Du moins, il m'en passait un. J'étais l'aînée, j'étais censée être le modèle, la plus responsable. Et évidemment, quand quelque chose se passait, c'était moi qui prenait tout. Aujourd'hui n'échappait pas à la règle. « Ridicule ? Ce qui n'est pas ridicule, ce sont les bleus qui recouvrent le corps de ta soeur ! » Je fusillais Senja du regard. Même si elle ne m'avait pas accusée et que les parents avaient fait des conclusions hâtives, elle aurait pu dire quelque chose et me défendre. Mais non, ça la tuerait de m'aider pour une fois. « J'ai rien fait, d'accord ? C'est pas de ma faute si elle est incroyablement maladroite. Et ce n'est pas que physique, ça c'est sûr. » Je croisais les bras sur ma poitrine, furieuse. J'essayais de me faire entendre, en vain. Mon père était imposant, et j'avais légèrement peur de trop insister. J'avais essayé, je n'irais pas plus loin. Après tout, il était têtu comme un âne, et s'il pensait que j'étais la cause de la chute de Senja, il ne démordrait pas. Et ce n'était pas la petite fille de onze ans que j'étais qui allait lui faire changer d'avis. « Monte dans ta chambre, et tu en sortiras lorsque tu seras prête à présenter tes excuses. » Je me levais, énervée, et passais devant Senja en rejoignant ma chambre. « Je parie que tu es fière de toi. » J'avais beau détester ma soeur, je la connaissais mieux que quiconque, et je savais une chose, c'est qu'elle n'était pas manipulatrice. Elle n'avait pas organisé tout ça. Mais le fait était que les choses allaient dans un bon sens pour elle, et elle n'allait pas contredire notre père pour me sauver la mise. Mais il n'était qu'une question de jours avant que je prenne ma revanche. Après tout, toute notre vie avait été ponctuée de crasses entre nous deux, de disputes et de punitions. Ca n'allait pas changer du jour au lendemain, bien au contraire. Tout cela ne faisait que commencer.

Alors que le cercueil descendait sous terre, à la place à laquelle il était destiné, la voix du prêtre s'éleva dans le cimetière désert, à part les personnes venues pour l'enterrement de Catherine Buckley. Je regardais la scène se dérouler devant mes yeux, me sentant impuissante. Je n'avais aucun contrôle de la situation. Je détestais ça. Une fois le cercueil en place, je jetais un tas de terre dessus, imitée de près par Senja. Les personnes présentes commencèrent alors à se disperser peu à peu après nous avoir présenté leurs condoléances. Je détestais cette hypocrisie. La plupart des gens présents connaissaient à peine notre mère, et ils agissaient comme s'il s'agissait de leur meilleure amie. Quelques minutes plus tard, il ne restait presque plus personne. Je me dirigeais alors vers Senja, qui était restée près de la nouvelle tombe. Je me postais à quelques centimètres derrière elle. « Tu vas bien ? » J'étais attristée par cette perte. Mais je refusais de le montrer. Je me devais d'être forte pour elle. Elle était ma petite soeur. J'avais passé tellement de temps à la détester et à essayer de la mettre dans le pétrin que ça me rendait malade. Lorsque notre mère nous avait annoncées qu'elle avait un cancer en phase terminale, j'avais arrêté cette haine envers elle. Elle était ma soeur, et nos chamailleries étaient ridicules. A côté, il y avait la vraie vie. Senja était ma soeur, pas une inconnue. Je devais me remettre en question et redéfinir mes priorités. Aujourd'hui, j'avais fais de la protection de Senja ma mission la plus importante. « Tu sais, c'est la vie. C'est comme ça, on ne peut rien y changer. » Je fronçais les sourcils mais ne dis rien. Elle avait peut-être besoin d'être seule quelques temps. Je la connaissais que trop pour savoir que les effusions affectives en public n'étaient pas son truc, alors je m'empêchais de la prendre dans mes bras. Cependant, elle savait très bien que j'étais là pour elle. Je sortis un trousseau de clé de mon sac et lui tendis. « Les clés de chez moi. Tu viens t'installer quand tu le souhaites. » Je lui serrais la main furtivement et m'éloignais, rejoignant ma voiture. Senja et moi avions parlé d'aménager ensemble lorsque nous avions appris la mort de notre mère. Maintenant que l'enterrement était passé, j'espérais qu'elle serait prête à venir. Deux soeurs doivent être là l'une pour l'autre, spécialement dans ce genre de situation.

« Putain, Siloë, qu'est-ce que tu fous ? » A peine les mots de Senja me parvinrent aux oreilles que je me recevais un oreiller en pleine tête. Je râlais en enfouant ma tête dans mon oreiller. Je crus que je pourrais me rendormir tranquillement, mais bien vite, Senja tira ma couette et le froid m'envahit. « SENJA ! » criais-je en me relevant brusquement. Mais soudain, un mal de crâne m'envahit. Le genre de maux de tête qui survient après une soirée trop arrosée. « Je te signale que les partiels sont aujourd'hui, et t'es toujours au lit. Mais... Siloë, qu'est-ce que t'as fais à tes cheveux. » Soudain, elle se mit à rire sans pouvoir s'arrêter. Je fronçais les sourcils, essayant de comprendre. Soudain, les détails de la veille me revinrent en mémoire. J'avais un peu trop picolé en présence de mon meilleur ami, et je me rappelais avoir décidée d'aller chez le coiffeur. Oh non, je n'avais quand même pas osé. Paniquée, je me levais d'un bond et me précipitais dans la salle de bain pour admirer les dégâts dans le miroir. J'étais passée d'une magnifique couleur auburn à un blond digne des poupées barbies. « Oh mon Dieu. Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu. Je peux plus respirer. » Toujours en riant, Senja me rejoignit dans la salle de bain. « Calme-toi, c'est pas si grave. T'iras chez le coiffeur plus tard. » Je la fusillais du regard, et une lueur d'inquiétude traversa mes yeux. « Je ne peux pas aller sur le campus comme ça. Qu'est-ce que les autres vont penser ? » Senja alla dans ma chambre et revint en me jetant mes affaires au visage. « C'est pas dramatique. Prépare-toi, on va être en retard. » Une demie-heure plus tard, nous étions à l'université, et je marchais piteusement, honteuse. Je sentais les regards sur moi. Soudain, Maxime vint à notre rencontre, et Senja le salua avant de nous laisser. « Je vois que la soirée d'hier a laissé des dégâts. » dit-il malicieusement. Mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit ou bien rire, je le fusillais du regard. « Ferme-la. » J'avançais alors le plus vite possible pour atteindre le bâtiment, me maudissant pour ne pas avoir enfilé de bonnet et promettant de ne plus jamais boire une goutte d'alcool.

le prénom + phoebe ça déchire.
bon courage pour ta fiche

c'est la première fois que je la joue, alors promis j'y ferais très attention

Birdy-Lou Hathaway a écrit:

le prénom + phoebe ça déchire.